Comment choisir un café écoresponsable?
Équitable, biologique, en vrac, respectueux de la forêt et de la biodiversité… Voici ce qu'il faut savoir pour choisir un café qui a été produit dans des conditions respectueuses de l’environnement et des populations.
Café certifié équitable
Café certifié bio
Café et sauvegarde des forêts
Le café est la boisson la plus consommée, après l’eau. C’est aussi la marchandise la plus échangée sur la planète, après le pétrole. Il s'en boit trois milliards de tasses chaque jour dans le monde, et des experts estiment que la demande pour le café va doubler d’ici 2050.
Or, l’engouement pour l’infusion de grains torréfiés n’est pas sans effets sur l’environnement et sur les producteurs de café. Certes, le café équitable est plus accessible que jamais. «On en trouve même dans les dépanneurs!» lance la sociologue spécialisée en développement international et en environnement Laure Waridel, qui faisait découvrir aux Québécois le commerce équitable en 1997 avec son premier livre, Une cause café.
Reste que, selon elle et des organismes de défense des droits des travailleurs, comme l’Association québécoise du commerce équitable, la cause est loin d’être gagnée. Encore aujourd’hui, environ 80% de la production mondiale de café dépend de quelque 25 millions de petits producteurs. Cette main-d’œuvre ne perçoit qu’une fraction du prix que vous payez, c'est-à-dire environ 1 cent (US) par tasse, selon l’Organisation internationale du café (OIC).
Siroter un café laisse aussi une empreinte environnementale considérable, explique Laure Patouillard, post-doctorante au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG). «Boire 2,8 tasses de café par jour, soit la moyenne canadienne, émet autant de gaz à effet de serre qu’une tasse d’essence», illustre-t-elle.
Contrairement à ce que plusieurs pourraient croire, ce n’est pas la capsule jetable qui a servi à faire votre café ou le gobelet de carton dans lequel vous le dégustez qui affecte le plus la planète. Avant d’aboutir dans votre tasse, le café a été cueilli, lavé, séché, torréfié, emballé et transporté, rappelle Laure Patouillard. «Quand on met tout cela dans la balance, on se rend compte que la moitié de l'impact du café provient de sa production, principalement de sa culture.» Cette étape nécessite non seulement de nombreuses ressources, mais mène aussi à de la déforestation, en plus de menacer la biodiversité.
Dans ce contexte, comment choisir un café produit dans des conditions qui respectent l’environnement et les populations? Pour vous aider à y voir plus clair, voici quelques conseils d’experts ainsi que les certifications à rechercher.
Café certifié équitable
Se tourner vers des certifications équitables reconnues est un bon point de départ, indiquent les spécialistes interrogés. Même si l’appellation «équitable» n’est pas réglementée au Canada, des labels comme Fairtrade, Fair for Life (affilié à Ecocert), World Fair Trade Organization, Fairtrade Federation et Symbole des petits producteurs adhèrent aux principes du commerce équitable, selon l’Association québécoise du commerce équitable. En d’autres termes, ils offrent une rétribution décente aux producteurs et prônent le respect des droits des travailleurs et de l’environnement.
Règle générale, un sac de café équitable vous coûtera quelques dollars de plus qu'un autre issu du commerce conventionnel. La demande grandissante pour ce type de produits a tout de même contribué à réduire l’écart de prix dans les dernières années, note Laure Waridel. De plus, fait-elle remarquer, il y a, en général, moins d'intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs, ce qui laisse plus d’argent dans les poches des petits agriculteurs.
Ces labels sont reconnus par l’Association québécoise du commerce équitable. Symbole des petits producteurs (SPP) est le seul, parmi ces cinq certifications, à avoir été créé par les agriculteurs du Sud. Prix minimum garanti aux producteurs, critères à respecter, coûts et procédure à suivre pour y adhérer : tout est déterminé et géré par les petits producteurs eux-mêmes et non pas par les acheteurs des pays du Nord. Une certification que la sociologue Laure Waridel voit d’un bon œil : «Elle permet d’outrepasser le paternalisme, qui est très fréquent dans les rapports nord-sud.»
Café certifié bio
Bien que les certifications équitables garantissent des conditions de travail sécuritaires aux agriculteurs et favorisent la protection de l’environnement, elles ne signifient pas nécessairement que les grains sont issus de la culture biologique. C’est pourquoi, conseillent les spécialistes, mieux vaut aussi rechercher le sceau «bio», qui, contrairement au terme «équitable», est réglementé au Canada.
Un café biologique signifie encore moins de préoccupations liées à la santé des travailleurs dans les plantations de caféiers, puisque l’exposition aux produits chimiques est limitée, indique Laure Patouillard.
De plus, explique la chercheuse, la culture bio peut aider à réduire l’empreinte carbone du café, soit la somme des gaz à effet de serre (GES) qui sont relâchés tout au long de son cycle de vie. En général, les émissions de GES liées à la fabrication et à l’application des pesticides et des engrais utilisés dans les cultures conventionnelles sont les éléments qui ont la plus grande incidence sur cette empreinte carbone.
Bémol à propos de la culture biologique : elle procure, en général, moins de café à l’hectare que les plantations industrielles. «Cela signifie que, si toute l’agriculture passait au bio et qu'on voulait répondre à la demande mondiale en café, on n'aurait tout simplement pas assez de terres pour le produire», signale Laure Patouillard. S’ajoute à cela la difficulté pour les plus petits producteurs – et les plus pauvres – à se certifier en raison des coûts qui y sont associés.
Vous pouvez reconnaître le café bio grâce au logo «Biologique Canada» ou à celui de l’un des organismes de certification accrédités par le gouvernement canadien, dont Ecocert Canada, Québec Vrai et USDA Organic. Ils garantissent que le produit est conforme à la législation et aux normes en vigueur.
Sauvegarde des forêts
Pour Alain Olivier, professeur en agroforesterie à l’Université Laval, un café responsable passe aussi par la présence d’arbres dans les plantations. «On s’assure ainsi d’avoir un sol mieux protégé contre la dégradation, une eau de meilleure qualité dans la région, des travailleurs qui manipulent peu ou pas de pesticides et une biodiversité plus grande. C’est aussi encourager des petits producteurs qui ont des revenus plus modestes, car ce sont eux qui ont conservé jusqu’à présent la plupart des parcelles de café sous couvert forestier.» Environ le tiers des plantations de caféiers dans le monde se feraient toujours sous couvert forestier.
Parmi les organismes qui affirment se battre contre la déforestation, il y a le label «Bird Friendly», créé par le Smithsonian Migratory Bird Center, aux États-Unis. Il garantit un café non seulement biologique, mais aussi qui a poussé dans une plantation où croissent une variété d’arbres, ce qui protège l’habitat naturel de nombreuses espèces animales.
D’autres cafés, comme celui de Café Mystique (ou de sa marque dépositaire Toi Moi & Café), arborent le logo de «Orang Utan». Ce programme vise à aider spécifiquement les producteurs de l’île de Sumatra en Indonésie, où la survie des orangs-outans est menacée.
Plus répandu, le sceau «Rainforest Alliance» (qui a fusionné avec la certification UTZ, en 2018) dit intervenir sur le plan social, économique et environnemental. Certains produits commercialisés par de grandes entreprises, comme McDonald’s et Nespresso, affichent le logo à la grenouille verte.
Luxe ou besoin?
Au-delà des certifications, les spécialistes s’entendent pour dire que nous devons d’abord nous interroger sur notre consommation quotidienne de café. «Il faut être conscient que le café n’est pas un produit alimentaire essentiel, c’est un produit de luxe », estime Alain Olivier. C’est pourquoi, selon Laure Patouillard, il faut éviter d’en surconsommer ou d’en gaspiller. D’autant que de nombreux experts évoquent une pénurie possible du café dans les décennies à venir en raison de la demande croissante et des changements climatiques qui perturbent les cultures.
Café en vrac : oui, mais…
Acheter en vrac est intéressant d’un point de vue environnemental, car vous évitez d’avoir recours à un emballage qui finira sa vie au recyclage ou à la poubelle. Toutefois, lorsqu’on analyse le cycle de vie du café dans son ensemble, on se rend compte que l’emballage a un impact «assez minime», explique Laure Patouillard, post-doctorante au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG).
Un des risques de l’achat en vrac est de mal conserver votre café, par exemple en le rangeant au congélateur ou en le laissant dans un sac de papier ciré, deux endroits où il risque d’entrer plus facilement en contact avec l’air et les odeurs.
La chercheuse Laure Patouillard met en garde : «Si on finit par jeter son café parce qu’il s’est complètement éventé et qu’il est devenu mauvais, ce sera pire [que l’empreinte liée à l’emballage du café]». Pour éviter que cela vous arrive, déposez votre café dans un contenant hermétique, et rangez-le dans un endroit sombre et tempéré.
Ressources
Choisir équitable - pour savoir où acheter du café équitable
Fairtrade Canada - pour consulter la liste des marques certifiées
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