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Santé | Prévention | Détente | Prévention

Les bienfaits de la nature sur la santé

Melinda Nagy/Shutterstock.com
Par Florence Dujoux

Baisse de la fréquence cardiaque et de la pression, diminution du stress : les bienfaits de la nature sur la santé sont largement reconnus. Mais savez-vous qu’il suffit de passer deux heures par semaine dans un espace vert ou un parc pour en bénéficier?

Marcher lentement dans la forêt, écouter le bruit des branches qui craquent, admirer les couleurs des feuilles, respirer l’odeur des arbres (et même leur faire des câlins)… Le shinrin-yoku (« bain de forêt » en japonais) est une immersion sensorielle encouragée par l’Agence des forêts du Japon depuis les années 1980 pour aider les citadins à mieux contrôler leur stress. Depuis, les habitants du pays l’ont largement adopté, d’autant qu’ils considèrent la forêt comme un lieu sacré.

Bien sûr, le contexte géographique et culturel du Canada est bien différent de celui du Japon. Malgré tout, l’idée fait son chemin jusqu’ici. Lancé en mai 2022, le programme Prescri-Nature encourage les professionnels de la santé à prescrire des sorties en nature à leurs patients. C’est que les Canadiens n’échappent pas au stress de la vie moderne, récemment exacerbé par la pandémie de même que par la situation économique. De plus, près des trois quart (73,7 %) d’entre eux habitaient dans les grands centres urbains en 2021, selon Statistique Canada.

Le paradoxe, c’est que 9 personnes sur 10 disent être plus heureuses lorsqu’elles sont entourées par la nature. Peut-être faites-vous d’ailleurs partie de ces gens qui se mettent intuitivement au vert pour se ressourcer…

Or, quels sont les véritables bienfaits de la nature sur la santé? Le contact avec les espaces verts a-t-il sa place dans une approche thérapeutique? Quelle importance a le fait d’être entouré d’arbres au quotidien? Voici ce qui a été démontré… et ce qu’il reste à découvrir!

Des bienfaits physiologiques avérés

Le contact avec la nature a des effets clairement démontrés sur la santé, selon les résultats d’une vaste revue de la littérature scientifique réalisée en 2021 pour la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) par une équipe de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM).

Le directeur de l’étude, Louis Bherer, neuropsychologue et directeur du Centre ÉPIC de l’ICM, souligne que plusieurs bienfaits physiologiques de l’interaction avec la nature sont bien établis par la science : baisse de la fréquence cardiaque, diminution de la pression artérielle, meilleur équilibre du système nerveux autonome (qui régule les processus corporels se produisant automatiquement, comme la respiration) et réduction des niveaux de cortisol (une hormone liée au stress).

Des bienfaits psychologiques présumés

Du côté de la santé mentale, le seul bienfait nettement établi est la réduction de l’anxiété. « L’exposition à la nature peut être très efficace chez le patient anxieux. En revanche, nous ne pouvons pas affirmer hors de tout doute qu’elle fonctionne pour traiter la dépression », nuance le Dr Bherer, également professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

Plusieurs autres bienfaits psychologiques de l’expérience en forêt sont avancés, avec toutefois un niveau de preuve moins élevé, comme une sensation réparatrice, une amélioration de l’humeur ainsi qu’une diminution de la fatigue et des émotions négatives.

Bien que peu d’études existent quant aux effets de l’interaction avec la nature sur la cognition, quelques-unes suggèrent des effets positifs sur l’amélioration de la fonction cognitive, la restauration de l’attention de même que la réduction de la fatigue mentale et de la confusion.

Des bienfaits curatifs à démontrer

Dans l’état actuel de la recherche, « on n’est pas nécessairement dans le traitement d’une pathologie, mais dans la prévention, avec des bénéfices clairs pour la santé », estime le Dr Louis Bherer. Un plus grand nombre d’études doivent être menées pour déterminer si l’interaction avec la nature peut contribuer au traitement de certaines maladies.

Néanmoins, ce qui ne fait aucun doute, c’est que « les gens qui s’exposent beaucoup à la nature sont des gens qui développent moins de pathologies », soutient le neuropsychologue, qui ajoute : « On ne fait pas de tort aux gens en leur disant de s’exposer à la nature; cela ne coute pas cher, et aucun effet secondaire négatif n’a jamais été répertorié! » Selon lui, la question est plutôt « de ne pas donner de fausses impressions d’efficacité » et « d’être capable d’individualiser les prescriptions ». 

Des prescriptions de nature

Prescri-Nature encourage tous les prestataires de soins de santé agréés (infirmières, travailleurs sociaux, psychologues, psychoéducateurs, physiothérapeutes, ergothérapeutes et médecins) à prescrire du temps en nature à leurs patients. Inspiré de PaRx, une initiative déployée en Colombie-Britannique par la BC Parks Foundation en novembre 2020, ce programme est le premier du genre au Québec.

La Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, l’une de ses membres fondatrices, explique que l’objectif est de promouvoir les bienfaits de l’exposition à la nature à la fois auprès des professionnels de la santé (pour qu’ils l’ajoutent à leurs recommandations) et de la population générale (pour qu’elle passe plus de temps à jouer dehors).

« L’idée, ce n’est pas de médicaliser l’exposition à la nature, mais plutôt d’encourager sa recommandation », précise celle qui est aussi médecin de famille au Centre local de services communautaires (CLSC) d’Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, et présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME). Des études sur l’activité physique ont en effet démontré qu’une prescription écrite augmente l’adhésion au traitement.

Faute de temps, la Dre Pétrin-Desrosiers ne mentionne pas l’exposition à la nature à tous ses patients. Cependant, la pratique fait partie de son arsenal thérapeutique contre les troubles de santé mentale. « Je parle de la nature d’entrée de jeu, comme on discute si nécessaire des médicaments, du suivi en psychologie, d’activité physique, de pleine conscience, de yoga… », dit-elle. Elle l’ajoute aussi progressivement dans le plan de traitement des patients qui souffrent de maladies cardiovasculaires ou de diabète.

La posologie recommandée

Sur la base d’ une étude réalisée auprès de 20 000 personnes au Royaume-Uni en 2019, Prescri-Nature recommande aux gens de passer au moins deux heures par semaine dans des espaces verts. Par ailleurs, un contact d’au moins 20 minutes à la fois est nécessaire pour optimiser ses bénéfices apaisants.

Certains bienfaits de la nature viennent de sa seule observation. « Je n’ai aucun problème à affirmer qu’il y a des bienfaits globaux pour la santé à simplement être exposé à la nature, sans rien faire, juste à s’asseoir dans un parc », illustre le Dr Bherer. Voilà une excellente nouvelle pour les personnes qui sont aux prises avec des défis de mobilité!

Lorsque c’est possible, être actif est néanmoins préférable pour obtenir des bénéfices additionnels en ce qui a trait à la forme physique et cardiovasculaire, d’autant plus que la nature nous permettrait de mieux bouger. « Quand les gens font des activités physiques en nature, ils ont tendance à pousser un peu plus leur corps », souligne la Dre Pétrin-Desrosiers. Ainsi, pourquoi ne pas faire votre prochain entrainement cardio en sentier plutôt qu’à la salle de sport?

« Toute forme de nature est acceptable », ajoute la médecin, même si des études suggèrent que plus une personne a l’impression d’être dans une nature riche et complexe, plus elle bénéficie rapidement de ses bienfaits sur la santé. « Il reste beaucoup à faire pour déterminer ce qu’est une nature efficace », indique de son côté le Dr Bherer.

Des explications biologiques

Le rapport réalisé pour la Sépaq mentionne que « les effets bénéfiques de la nature sur la santé physique et psychologique proviennent vraisemblablement des multiples stimulations sensorielles qui découlent de l’interaction avec les environnements naturels ». Il fait état de plusieurs études expérimentales fournissant des pistes d’explications biochimiques.

Les arbres produisent des phytoncides, des molécules qui les protègent contre les parasites et les herbivores. Lors d’une promenade en forêt, celles-ci s’accumulent dans le corps, ce qui entraînerait une réduction de l’inflammation, une diminution des taux d’hormones du stress et une stimulation du système immunitaire.

Le calme des environnements naturels et les sons associés aux mouvements du vent et de l’eau seraient eux aussi susceptibles de réduire le stress. À l’inverse, le bruit chronique des villes l’augmenterait – même résultat pour le risque de maladies cardiovasculaires –, tout en diminuant la qualité du sommeil.

Les odeurs de la végétation ont sans doute elles aussi des effets sur le bien-être : l’air d’été et les parfums de fleurs seraient en mesure d’améliorer l’humeur et de diminuer l’agressivité.

Enfin, il semble qu’un simple contact visuel avec la nature soit associé à plusieurs effets positifs sur la santé. Au cours des 35 dernières années, plusieurs études ont souligné que les patients se remettent plus rapidement de leur chirurgie lorsqu’ils voient des arbres par la fenêtre de leur chambre d’hôpital.

L’importance de l’aménagement urbain

« On ne peut pas parler de programmes de prescriptions nature sans mentionner l’accès aux espaces verts », fait valoir la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers. S’il est donc bénéfique de s’exposer à la nature – par exemple en prévoyant une escapade en plein air –, avoir un milieu de vie suffisamment riche en végétation, notamment avec des arbres le long des trottoirs, réduit la mortalité (toutes causes confondues) d’environ 10 %, selon une étude canadienne publiée en 2017.

Alain Paquette, professeur au Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et chercheur au Centre d’étude de la forêt (CEF), souligne que la forêt urbaine, qui regroupe les restes de forêt en ville ainsi que les arbres des parcs et des rues, rend bel et bien des services écosystémiques à la population; pensons à la diminution de la pollution atmosphérique, à la captation des eaux de pluie ou à l’atténuation des températures.

« Plusieurs citadins n’ont pas accès à d’autres formes de nature que la forêt urbaine », ajoute-t-il. Or, une étude réalisée par Statistique Canada en 2019 a démontré que 75 % des villes canadiennes perdent des espaces verts. En outre, ceux-ci sont inégalement distribués sur les territoires des municipalités. Les quartiers défavorisés sont aussi ceux qui comptent le moins d’arbres, un phénomène qui porte le nom de « racisme urbain ».

Le verdissement urbain, un incontournable

« Toutes les villes du monde, ou presque, disent vouloir planter des arbres, mais encore faut-il les planter au bon endroit pour maximiser leurs bénéfices! » s’exclame Alain Paquette. Selon lui, opter pour les quartiers riches où il y en a déjà beaucoup ou pour les terrains vagues situés à l’extérieur de la ville ne donne aucun résultat; mieux vaut privilégier les îlots de chaleur, les quartiers défavorisés ou les zones densément peuplées.

Plus encore, « il faut aller au-delà de la tendance actuelle, qui est de chiffrer notre effort en milliers, en millions, voire en milliards d’arbres », dit-il. Par exemple, quand les élus de la Ville de Joliette ont fait appel à Alain Paquette pour son plan d’aménagement, ils n’ont pas demandé combien d’arbres ils devaient planter, mais où les mettre pour maximiser les bénéfices aux citoyens, en fonction du budget dont ils disposaient. Voilà une belle question à se poser!

« La monoculture n’est pas une bonne idée », poursuit le chercheur. Dans la plupart des grandes villes, entre trois et cinq espèces d’arbres représentent plus de la moitié des effectifs, ce qui fragilise la forêt urbaine en cas d’infestation. L’agrile du frêne touche actuellement autour de 20 % des arbres en Amérique du Nord, dont beaucoup ont dû être abattus.

Il y a 40 ans, ce sont les ormes qui étaient décimés par la maladie. Ces disparitions à grande échelle ont des répercussions majeures sur la santé et le bien-être des citadins. 

« La solution devrait passer avant tout par la préservation des grands sujets que nous avons déjà, parce que planter un arbre, c’est bien, mais ça va prendre des années avant qu’il fournisse des services en quantité considérable », fait remarquer Alain Paquette. En d’autres mots, prenons soin de nos arbres centenaires!

Cinq idées pour profiter des bienfaits de la nature en ville :

• Marcher dans les rues vertes de votre quartier.

• Aller au marché public pour acheter fruits, légumes, plantes et fleurs de saison.

• Faire du jardinage, chez vous ou au jardin communautaire.

• Observer les oiseaux.

• Choisir votre arbre préféré, vous asseoir pour lire à ses pieds et – pourquoi pas? – lui faire des câlins!

Commentaires
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  • Par Jean Lapierre
    18 mai 2023

    Tout à fait en a accord. Une excellente façon d’y parvenir? Le camping!

     1
    Par Pierre Massicotte
    26 mai 2023

    Ouais, mais en camping la qualité de l'air est souvent plus mauvaise qu'en ville à cause de la fumée des feux de bois le soir... sans compter qu'il arrive assez souvent que les campements sont très rapprochés les uns des autres, ce qui empire encore la situation de la qualité de l'air...

  • Par Suzanne Delisle
    30 mai 2023

    Je marche quotidiennement en nature et si je manque une journée, mon corps le ressent.
    Très bon article, merci

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