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comment-choisir-creme-hydratante Pixel-Shot/Shuttersock.com
Par Mathilde Roy

Une bonne crème hydratante pour le corps doit répondre à vos besoins et, surtout, être sécuritaire. Voici nos conseils pour vous aider à trouver une crème pour hydrater votre corps, réparer la barrière d’une peau gercée ou adoucir votre peau au sortir de la douche.

Des crèmes qui font peau neuve

Notre enquête sur les crèmes pour le visage, parue en mai 2018, révélait qu’à peine 6 % des produits analysés ne renfermaient pas de substances potentiellement néfastes pour la santé et l’environnement. Ce pourcentage passe à 14 % dans le cas des crèmes corporelles. Comment expliquer ce bond ? Selon Normand Voyer, professeur titulaire de chimie à l’Université Laval, les fabricants s'adaptent : « Ils voient que de plus en plus de consommateurs ne veulent plus utiliser ce type de produits. » D’ailleurs, si la tendance se maintient, les ventes mondiales de cosmétiques bios et naturels feront plus que doubler d’ici à 2028, selon Persistence Market Research, une firme d’étude de marché américaine.

Conscients de la demande, des fabricants nous ont d’ailleurs affirmé avoir revu leurs formulations afin d’éliminer les ingrédients indésirables ou y songer. C’est le cas de l’entreprise québécoise Bleu Lavande, qui a récemment révisé la composition de ses laits corporels, ce qui permet à ces derniers de figurer dans nos « meilleurs choix ». Soyez toutefois vigilant : d’anciennes versions du produit contenant du phénoxyéthanol peuvent toujours se trouver sur les tablettes. La sécurité de ce conservateur est remise en cause par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), particulièrement chez les jeunes enfants. Pour vous assurer d’avoir en main la bonne version du produit, consultez la liste d’ingrédients des produits recommandés.

Choisir un produit sûr

Si votre peau est sèche ou que vous souffrez de démangeaisons liées à la sécheresse cutanée, l’application d’une crème hydratante pour le corps est tout indiquée, dit le dermatologue Roni Munk : « C’est plus important d’en mettre en vieillissant, car la peau se dessèche. » Même chose l’hiver, si le chauffage et le froid vous causent de l’inconfort. Non traitée, la peau sèche peut finir par s’infecter, en craquelant, ou favoriser l’eczéma, prévient le dermatologue. 

Si vous voulez un produit fluide, qui pénètre rapidement la peau, tournez-vous vers un lait ou une lotion, recommande Yves Lanctôt, chimiste et consultant pour l’industrie cosmétique. Si vous cherchez une texture plus riche et des propriétés plus hydratantes, privilégiez une crème ou un beurre. « Les lotions, laits et crèmes contiennent souvent les mêmes ingrédients, mais dans des proportions différentes. Ils font tous le même travail, soit retenir l’humidité à la surface de la peau pour qu’elle demeure hydratée », précise cet expert. Les crèmes contiennent souvent plus d’huile et de cire que leurs pendants allégés. Selon lui, c’est ce qui explique leur prix plus élevé ; en moyenne, 15 ml de crème coûte deux fois plus cher que la même quantité de lotion, soit 1,04 $ contre 0,51 $.

La crème que vous appliquez vous convient, et vous l’utilisez depuis des années. Mais est-elle sécuritaire ? Pour le chimiste Normand Voyer, un produit sûr doit tout d’abord ne pas provoquer d’allergies ou d’irritations cutanées. Ces réactions peuvent être causées par de nombreuses substances d’origine naturelle ou synthétique. « Si vous développez une rougeur, c’est que vous avez une réaction auto-immune à une substance. Changez de crème », insiste-t-il. Pour minimiser les risques, vous pouvez opter pour un produit qui ne contient aucun des composés irritants ou allergisants, comme les éthanolamines, le sodium lauryl sulfate (SLS) ou le pétrolatum. 

Au-delà de cet aspect, les experts s’entendent pour dire que, aux doses fixées par Santé Canada, les ingrédients de notre liste ne sont pas dangereux pour la santé. « Mais il est toujours préférable d’éviter les substances qui posent problème à forte concentration ou qui s’accumulent dans l’environnement, surtout quand des solutions de rechange moins toxiques existent », indique Normand Voyer. C’est d’ailleurs ce principe de précaution que Protégez-Vous a appliqué en établissant ses critères. 

L’effet cocktail

Bien que la quantité de chaque composé reste en deçà des limites fixées par Santé Canada, certains experts craignent que le mélange et l’accumulation de substances chimiques auxquelles vous êtes exposés au quotidien augmentent le risque de toxicité à long terme. Car il faut savoir que, sauf en ce qui a trait aux composés renfermant des éthanolamines, les doses maximales autorisées sont déterminées pour chaque ingrédient pris isolément, souligne Normand Voyer. 

Parmi les ingrédients problématiques, ceux qui interfèrent avec le système hormonal attirent particulièrement l’attention de la communauté scientifique ; on les appelle les « perturbateurs endocriniens ». Certains parabènes et siloxanes ainsi que le BHT en sont de potentiels. Nous en avons respectivement trouvé dans 26 %, 68 % et 15 % des crèmes évaluées.

« Les perturbateurs endocriniens sont fortement soupçonnés de diminuer la fonction de reproduction chez l'humain. Ils sont aussi liés à l'obésité et à la formation de nombreux cancers », explique Geraldine Delbès, professeure en toxicologie de la reproduction à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Or, comme les pathologies évoquées sont multifactorielles, la responsabilité des perturbateurs endocriniens est difficile à déterminer, nuance-t-elle. « Mais ils sont probablement plus risqués à certains moments de la vie, soit durant la grossesse, la petite enfance et l’adolescence. »

Impact sur l’environnement

Lorsque vous vous lavez, ces substances finissent leur course dans les eaux usées, où elles peuvent aussi perturber l’écosystème, souligne pour sa part Viviane Yargeau, professeure de génie chimique à l’Université McGill dont les travaux portent sur la présence de contaminants dans l’eau. « Des études ont montré qu’ils provoquent la féminisation des poissons, l'amincissement de la coquille des œufs chez des oiseaux, et même des malformations et une baisse de fertilité chez certains animaux », précise la spécialiste.

Bien entendu, les cosmétiques ne sont pas les seuls responsables de ces effets néfastes. Omniprésents dans l’environnement, les perturbateurs endocriniens se trouvent notamment dans les médicaments, les plastiques et même dans les produits électroniques et les meubles. « Ce qu’il y a d’inquiétant avec les cosmétiques, c’est qu’ils sont un chemin d’exposition direct et fréquent, car on s’en badigeonne partout sur la peau », fait valoir Viviane Yargeau. C’est pourquoi les deux chercheuses nommées précédemment suggèrent d’utiliser des crèmes qui contiennent le moins de substances chimiques possible. 

Selon vos besoins

Mais pourquoi les fabricants persistent-ils à utiliser des ingrédients qui soulèvent des doutes ? « Parce qu’ils ne coûtent rien », lance d’entrée de jeu le chimiste Normand Voyer. Mais c’est aussi en raison de leur efficacité. Même en très petites doses, ces substances garantissent aux fabricants des produits non seulement stables, mais qui se conservent longtemps. Il en va de même pour la texture d’une crème : « Il est à peu près impossible de reproduire les textures soyeuses que confèrent les silicones avec des ingrédients naturels », note le chimiste et conseiller en cosmétique Yves Lanctôt. Étant des dérivés du pétrole, les silicones – tout comme les PEG et le pétrolatum – sont surtout montrés du doigt pour leurs répercussions sur l’environnement.

Puis tout dépend de vos besoins. Le fabricant de la gamme CUTIBase Ceramyd se défend d’utiliser des ingrédients qui l’excluent de nos « meilleurs choix », soit le phénoxyéthanol, le cyclométhicone (un silicone) et le paraffinum liquidum (une huile minérale). Ses crèmes, insiste Marc Melancon, directeur général de Cutimed, ont été élaborées pour leurs vertus thérapeutiques : « Les buts premiers […] de nos formulations sont d’utiliser le minimum d’ingrédients et de parvenir à apporter une grande efficacité et sécurité. Lorsque les patients se tournent vers [nos crèmes], c’est qu’ils ont utilisé toutes sortes de produits inefficaces ou ayant donné des effets secondaires indésirables. » 

Le Dr Roni Munk en convient : « Les siloxanes [une forme de silicone] sont très efficaces pour réparer la barrière d’une peau gercée ou craquée. » En revanche, si votre crème sert simplement à adoucir votre peau au sortir de la douche, vous avez tout intérêt à éviter les ingrédients indésirables, soutient-il. 

Comment lire la liste d’ingrédients ?

Tout comme en Europe, Santé Canada n’oblige pas les fabricants à indiquer la concentration des substances qu’ils utilisent dans leur formule. Comme c’est le cas dans le domaine alimentaire, les ingrédients qui figurent sur les emballages des crèmes sont énumérés en ordre décroissant de concentration, en fonction de leur poids. La première substance de la liste est donc celle qui se trouve en plus grande quantité dans le produit. 

Selon l’association Slow Cosmétique, un organisme belge qui milite pour l’utilisation de cosmétiques éthiques, les cinq premiers ingrédients représentent environ les trois quarts de la composition du produit. Cela dit, certains ingrédients peuvent être problématiques même s’ils apparaissent en fin de liste. Ainsi, une dose infime d’huile essentielle pourrait vous faire réagir si vous y êtes allergique. De plus, les ingrédients dont la concentration est inférieure à 1 % peuvent être présentés dans le désordre, après ceux dont la concentration est supérieure à 1 %. Sauf qu’il est impossible de savoir où commence cette zone de désordre…

Arbonne, Avon et Mary Kay disqualifiées

À la demande de nos lecteurs, à la suite de notre évaluation des crèmes pour le visage en 2018, nous avons ajouté les marques Arbonne, Avon et Mary Kay à notre analyse. Verdict ? Aucun des produits offerts par l’intermédiaire de vendeurs indépendants affiliés à ces trois entreprises ne figure parmi nos « meilleurs choix ». Les trois produits d’Arbonne – laquelle mise sur l’utilisation « d’ingrédients botaniques purs » (selon son site) – contiennent du phénoxyéthanol, et deux d’entre elles renferment des silicones et du cétéareth-20, un dérivé du pétrole. Les deux lotions de Mary Kay échouent à quatre de nos critères : ils contiennent soit des parabènes, soit du phénoxyéthanol, sans oublier de la triéthanolamine, des silicones et des dérivés du pétrole. Quant aux 26 produits d’Avon, elles renferment toutes des dérivés du pétrole. La plupart contiennent en plus des parabènes, du phénoxyéthanol et un silicone. 

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