Les ingrédients à éviter dans les shampoings
Certains ingrédients auraient des effets indésirables sur la santé et l’environnement. Voici les substances à traquer dans les shampoings.
Pour former cette liste, nous nous sommes basés sur le principe de précaution, qui veut qu’en l’absence de certitude scientifique, il soit préférable d’éviter les ingrédients dont les effets soulèvent des doutes pour la santé et l’environnement.
Les ingrédients à éviter
Butyl hydroxytoluène (BHT) (et butyl hydroxyanisole [BHA])
Fonction : antioxydants utilisés comme conservateurs
Risques : le BHT est un perturbateur endocrinien potentiel qui peut aussi irriter la peau, les yeux et les poumons. Il est souvent utilisé pour remplacer le BHA, un perturbateur endocrinien classé « peut-être cancérigène » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Le BHA nuirait à la reproduction, selon des études menées sur des animaux.
Réglementation : aucune restriction. Présent dans les cosmétiques dans une concentration d’au plus 0,1 %, selon Santé Canada.
Shampoings évalués : 2 des 87 produits (2,3 %) contient du BHT. Aucun ne renferme de BHA.
Formaldéhyde et substances qui en libèrent
Fonction : conservateurs
Risques : le formaldéhyde est interdit en France et au Japon, et il le sera dans les cosmétiques – ainsi que le quaternium-15 – d’ici 2025 en Californie. Quant à eux, les libérateurs de formaldéhyde, comme le DMDM hydantoïne, diffusent lentement dans l’air de petites quantités de formaldéhyde. À dose élevée, le formaldéhyde serait cancérigène pour l'humain lorsqu'il est inhalé sur une longue période. Santé Canada l’estime sécuritaire en petites concentrations. Chez les personnes sensibles, il peut irriter la peau.
Réglementation canadienne : la concentration de formaldéhyde est limitée à 0,2 % dans les shampoings.
Shampoings évalués : 7 des 87 produits (8 %) renferment un ou plusieurs de ces ingrédients.
Méthylisothiazolinone (MIT ou MI) et méthylchloroisothiazolinone (MCIT ou MCI)
Fonction : conservateurs
Risque : allergènes puissants
Réglementation canadienne : depuis juin 2018, Santé Canada interdit l’usage du MIT et du MCIT dans les produits sans rinçage, mais le permet à une concentration de 0,0015 % dans les produits à rincer.
Shampoings évalués : 15 des 87 produits (17,2 %) renferment les deux ingrédients.
Ammonium lauryl sulfate (ALS) et sodium lauryl sulfate (SLS)
Fonctions : agents nettoyants, moussants et émulsifiants
Risques : le SLS est un irritant, tout comme son proche parent, l’ALS. Or, bien que l’ALS soit irritant, il est quand même autorisé dans les cahiers de charges biologiques de la certification Cosmos (Cosmetic Organic and Natural Standard) lorsqu’il est d’origine naturelle. Soyez doublement vigilant si vous avez la peau sensible.
Réglementation canadienne : aucune restriction
Shampoings évalués : 1 des 87 produits (1,1 %) renferme de l’ALS et 10 (11,5 %), du SLS.
Parabènes (à longue chaîne : butylparabène, isobutylparabène, isopropylparabène, propylparabène. À courte chaîne : éthylparabène, méthylparabène.)
Fonction : conservateurs
Risque : les parabènes sont des perturbateurs endocriniens susceptibles d’agir sur le système hormonal. Ceux dits « à longue chaîne », selon leur structure moléculaire, sont considérés comme « à risque élevé » par l’Environmental Working Group (EWG), un groupe américain de défense de l’environnement ; ils font l’objet de restrictions et d’interdictions en Europe, dans plusieurs pays de l’Asie du Sud-Est ainsi qu’au Japon. De leur côté, les parabènes dits « à courte chaîne » sont jugés à risque modéré par l’EWG. Le méthylparabène est actuellement en révision par la Commission européenne. Par précaution, nous n’avons pas fait de distinction entre les différents parabènes et nous avons classé ces ingrédients parmi ceux qui sont à éviter.
Réglementation : aucune restriction. Généralement présents dans des concentrations ne dépassant pas 0,5 %, selon Santé Canada. À noter que l’agence fédérale réévalue actuellement leur utilisation dans plusieurs produits, dont les cosmétiques.
Shampoings évalués : 3 des 87 produits (3,4 %) contiennent un ou plusieurs parabènes.
Acide salicylique
Fonctions : dans les shampoings, il sert de conservateur, d’agent antipelliculaire ainsi que d’agent de protection et de soin des cheveux; dans les nettoyants pour le visage, il peut être exfoliant et antiacnéique; dans les soins du visage, il agirait en lissant le grain de peau et permettrait de masquer rougeurs et imperfections.
Risques : malgré ses prétendues vertus, c’est un ingrédient à surveiller. Une équipe de chercheurs danois vient d’établir qu’il existe de solides preuves scientifiques voulant que l’acide salicylique, au même titre que huit autres substances, soit un perturbateur endocrinien. Ces scientifiques décrivent des effets à la fois modérés sur la diminution de la testostérone et antiandrogéniques ainsi que sur la spermatogenèse. Réexaminé en 2018 par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC), groupe d’experts de la Commission européenne chargé d’évaluer la sécurité des ingrédients cosmétiques, l’acide salicylique est jugé sûr aux limites de concentration actuelles prévues par la réglementation. Néanmoins, le CSSC dit savoir que d’autres investigations sont en cours sur ses propriétés potentielles comme perturbateur endocrinien.
Réglementation : limité à 2 % dans les cosmétiques
Shampoings évalués : 8 des 87 produits (9,2 %) contiennent cet ingrédient.
Diéthanolamine (DEA) et autres éthanolamines (cocamides et lauramides DEA, DIPA ou MEA, diisopropanolamine [DIPA], éthanolamine, monoéthanolamine [MEA], triéthanolamine [TEA])
Fonctions : équilibrent le pH et épaississent les formules.
Risques : les éthanolamines sont des irritants cutanés, respiratoires et oculaires. Certaines causeraient, à fortes doses, des effets graves sur des organes, comme le foie et les reins, selon des tests menés sur des animaux. Combinés aux nitrites, ces composés peuvent produire des nitrosamines, qui sont des substances chimiques cancérigènes.
Réglementation : Santé Canada interdit la DEA et la DIPA, mais pas les composés qui en contiennent – comme la cocamide DEA et DIPA ou encore la MEA et la TEA –, car ces molécules n’ont pas le même potentiel de formation de nitrosamines que le DEA, mais elles peuvent quand même contenir des résidus. L’agence fédérale interdit toutefois la combinaison de ces molécules avec d’autres substances qui génèrent des nitrosamines.
Shampoings évalués : aucun produit ne contient de DEA ou de DIPA; 20 des 87 produits (23 %) contiennent un composé tel que le cocamide DEA.
Octyl methoxycinnamate
Fonctions: ce filtre anti-UV, aussi appelé ethylhexyl methoxycinnamate, n’est pas réservé aux produits solaires : on le trouve dans certaines crèmes de jour et des fonds de teint, même sans indication d’une protection contre les rayons ultraviolets sur le produit.
Risques : les recherches menées sur cet ingrédient ont démontré in vivo une perturbation des œstrogènes et de la fonction thyroïdienne. Pourtant, il est assez souvent utilisé, y compris dans des produits qu’on applique près de la bouche – comme les baumes à lèvres – ou dans des produits misant sur l’absence de parabènes et d’autres composés connus du grand public pour leur toxicité.
Réglementation : dans les filtres solaires, la concentration de cet ingrédient, aussi appelé octinoxate, est limitée à 7,5 %.
Shampoings évalués : 1 des 87 produits (1,1 %) contient cet ingrédient.
Les ingrédients sensibilisants
Le terme « sensibilisant » fait référence au fait qu’une personne peut, avec le temps, devenir intolérante à un composé auquel elle ne réagissait pas auparavant. Les principaux responsables sont les parfums et les allergènes.
Les parfums
Selon une récente étude, les allergènes présents dans les parfums figurent au deuxième rang de ceux qui sont les plus communs, derrière le nickel. Ils peuvent causer des dermatites de contact (réactions cutanées).
Les produits biologiques ne vous permettent pas non plus d’éviter les allergènes. Les produits certifiés Ecocert ne contiennent aucun parfum de synthèse, mais ils peuvent renfermer des substances irritantes de source naturelle; pensons au linalol (ou linalool), qui peut se trouver notamment dans les huiles essentielles de thym ou de lavande.
Parmi les shampoings évalués, 61 (70,1 %) contenaient la mention « parfum », « fragrance » ou « aroma ».
Les 26 allergènes à déclaration obligatoire en Europe
Dans l’Union européenne, la réglementation sur l’étiquetage permet de regrouper les ingrédients parfumants sous le terme « parfum », mais elle exige de lister individuellement 26 allergènes. Si la plupart d’entre eux sont des agents parfumants, certains ont d’autres fonctions (conservateur, antibactérien, etc.). En voici la liste :
- Alpha-isomethyl ionone
- Amyl cinnamal
- Amylcinnamyl alcohol
- Anise alcohol
- Benzyl alcohol
- Benzyl benzoate
- Benzyl cinnamate
- Benzyl salicylate
- Butylphenyl methylpropional (BMHCA)
- Cinnamal
- Cinnamyl alcohol
- Citral
- Citronellol
- Coumarin
- Eugenol
- Evernia furfuracea extract
- Evernia prunastri extract
- Farnesol
- Geraniol
- Hexyl cinnamal
- Hydroxycitronellal
- Hydroxyisohexyl 3-cyclohexene carboxaldehyde (HICC)
- Isoeugenol
- Limonene
- Linalool
- Methyl 2-octynoate
La plupart de ces ingrédients ont un effet sensibilisant connu. Toutefois, deux d’entre eux sortent particulièrement du lot. L’hydroxyisohexyl 3-cyclohexene carboxaldehyde est un agent masquant et parfumant qui a causé à ce point de réactions allergiques depuis le début des années 2000 que le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (CSSC) en a interdit l’usage dans les cosmétiques en août 2019 en Europe et donnait jusqu’en août 2021 aux fabricants pour le retirer complètement de leurs produits. Le butylphenyl methylpropional, quant à lui, est jugé toxique pour le système reproducteur. Le CSSC ne peut conclure qu’il est sécuritaire comme ingrédient dans les cosmétiques, rincés ou non. Un troisième ingrédient, le benzyl salicylate, est actuellement sous la loupe de l’Union européenne, puisqu’il est soupçonné d’être un perturbateur endocrinien. Pour sa part, le Canada prévoit déposer à l’automne 2022 le projet de règlement visant à harmoniser ses exigences en matière de divulgation des allergènes avec celles de la Commission européenne.
Les ingrédients à risque pour l’environnement
Certains ingrédients trouvés dans les shampoings peuvent être nocifs pour l’environnement, soit en raison de leur procédé de fabrication, soit parce qu’ils sont polluants une fois relâchés dans les eaux usées.
Composés éthoxylés
L’éthoxylation est un processus chimique qui requiert l’utilisation d’oxyde d’éthylène, un gaz toxique et cancérigène. Le procédé peut générer des résidus de 1,4-dioxane, une substance reconnue comme « peut-être cancérigène » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), ainsi que des traces d’oxyde d’éthylène. Vous ne verrez jamais ces composés dans les listes d’ingrédients, puisqu’ils peuvent y être sous forme de contaminants.
Les ingrédients produits par ce type de procédé sont interdits dans les cahiers de charges des certifications biologiques. Une exception : les produits de sources végétales qui sont éthoxylés, par exemple le cocamidopropyl bétaïne, sont autorisés dans le cahier de charges de la certification biologique Ecocert, mais sous certaines conditions. Nous l’avons donc exclu des ingrédients à risque pour l’environnement.
Parmi les composés éthoxylés se trouvent notamment tous les polyéthylènes glycol (identifiés par « PEG » ou « cétéareth » suivi d’un chiffre), le sodium laureth sulfate (SLES) et le sodium lauroyl methyl isethionate.
Shampoings évalués : 44 des 87 produits (50,6 %) renferment un ou plusieurs de ces ingrédients.
Heureusement, ils brillent par leur absence!
Bonne nouvelle : plusieurs ingrédients à éviter ne se trouvent pas dans les shampoings évalués. C’est le cas notamment du triclosan et du triclocarban; des phtalates; ainsi que du pétrolatum et du petroleum distillates.
Pour trouver le meilleur shampoing, consultez notre liste de shampoings recommandés ou utilisez notre comparateur de produits.
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